Dans un lointain pays, un roi se meurt. Pour cette raison et afin de protéger le royaume des ennemis qui l’assiègent, ses filles doivent, d’un baiser, redonner forme humaine à un prince charmant parmi le petit peuple des grenouilles qui vit dans les douves du château.
Les deux princesses légitimes ayant refusé, c’est Marie des Grenouilles, engendrée « un soir d’ivresse » par le roi, qui parviendra, après maints essais infructueux ou décevants, à trouver un prince charmant à l’ardeur pacifique, qui réussira, par la parole, à rétablir la paix.
Cette pièce, pleine d’humour et de finesse, est également une très belle fable sur notre société actuelle. La transposition et les nombreuses métaphores permettent une mise à distance critique intéressante et indispensable, et les nombreux niveaux de lecture la destinent à un très large public.
Comme à son habitude, Jean-Claude Grumberg traite avec maestria d’un sujet d’actualité difficile, puisque cette pièce, écrite entre les deux tours des élections présidentielles de 2002, parle, entre autres choses, de tyrannie, d’ambition, de politique et de bêtise humaine.

Le conte de fée traditionnel est détourné; la beauté des héros, la bravoure et le goût du pouvoir ne sont plus des valeurs à défendre. Bien au contraire. Les «méchants» sont mis hors jeu par la ruse et non par la violence. Les «gentils» sont loin des stéréotypes, ce qui les rend attachants.
Les marionnettes vont dans ce sens : les personnages sont à moitié grenouilles à moitié humains, ce qui en fait des petits monstres sympathiques et comiques.